La réglementation

Après des décennies de déréglementation, les entreprises de tous les secteurs sont aujourd’hui confrontées à des tendances inverses. La pression réglementaire, conséquence directe des crises, des scandales, de la mondialisation et de l’épuisement des ressources, est en hausse dans tous les secteurs. Et elle pèse inévitablement sur les opérations des entreprises. Alors comment une entreprise peut-elle atténuer ce risque opérationnel et garantir un environnement opérationnel plus prévisible ? Bien qu’il n’y ait pas de réponse facile, une approche proactive et politiquement astucieuse de la gestion des parties prenantes et des problèmes fait déjà bouger les choses.

La surveillance et l’examen réglementaire peuvent retarder une fusion, allonger le délai de mise sur le marché d’un produit nouveau et innovant, augmenter le coût de la mise en conformité de l’entreprise ou réduire la productivité. Mais la réglementation est là pour rester et nous devons apprendre à y faire face. Au cours des dix dernières années (2004-2013), rien qu’aux Etats-Unis, le Code of Federal Regulations a augmenté de plus de 30’000 pages, soit trois fois plus qu’au cours de la décennie précédente. Comme les « vieilles » industries, les nouvelles industries innovantes sont confrontées à la marée montante de la réglementation : Bitcoins, internet, Airbnb, édition du génome, bio-imprimantes 3D, etc. Rejoignez le débat et préparez-vous à l’impact réglementaire.

Le poids de l’opinion publique

Au-delà des gouvernements et des hommes politiques, la société civile est devenue l’une des principales parties prenantes lorsqu’il s’agit de réglementation. Si l’on se fie au récent sondage d’opinion YouGov, plus de deux tiers des internautes interrogés pensent que les entreprises se comporteraient mal envers leur personnel et les consommateurs s’il n’y avait pas de réglementation. Dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, où toute information est disponible instantanément, il suffit de peu de choses pour perpétuer de telles opinions. Les institutions gouvernementales se retirant d’un certain nombre d’activités réglementaires et de fonctions publiques, les organisations non gouvernementales ont progressivement commencé à être plus actives dans cet espace. Les ONG ont tourné leur attention vers le puissant secteur privé et ont exercé le haut niveau de confiance du public dont elles bénéficient pour s’assurer une place importante dans le processus d’élaboration des politiques publiques.

Vous vous souvenez de la campagne de Greenpeace sur l’huile de palme qui a pointé du doigt Nestlé en mai 2010 ? L’entreprise avait été mise sous le feu des projecteurs alors que la part de Nestlé dans la consommation de la production mondiale d’huile de palme était inférieure à 1%. Daniela Montalto, chargée de campagne internationale sur les forêts au sein de Greenpeace, a déclaré à The Economist, en référence à la vidéo de la campagne KitKat de Greenpeace : « Nous avions demandé à Nestlé de cesser d’acheter des produits issus de la destruction des forêts tropicales pendant deux ans avant de lancer notre campagne. Nestlé a craqué en l’espace de deux mois seulement, car l’écrasante réaction du public l’a poussée à écouter ». Si Nestlé a réagi rapidement et a fait des progrès significatifs à ce jour en matière de traçabilité de sa chaîne d’approvisionnement et de certification de fabrication durable, la campagne a d’abord durement touché sa réputation. Le fait d’être l’une des plus grandes entreprises d’alimentation et de boissons au monde en faisait une cible facile et visible.

Engagement proactif des parties prenantes – montrer la voie

Même lorsque la réaction de l’entreprise à une crise est rapide et mesurée, il ne s’agit que d’une réaction rapide sur un sujet brûlant. Son efficacité est limitée, tout comme le temps nécessaire pour la préparer, pour établir des liens significatifs avec les principales parties prenantes et pour évaluer l’impact de certaines alternatives stratégiques sur les activités de l’entreprise. Les risques associés d’atteinte à la réputation, de perte d’opportunités commerciales ou de coûts immédiats sont souvent élevés.

Pour atténuer ces risques dans l’environnement commercial d’aujourd’hui, où les pressions réglementaires et l’examen du public sont en hausse dans tous les secteurs, il ne suffit pas de rechercher régulièrement la prochaine question potentiellement litigieuse. Les décisions commerciales doivent être éclairées par l’environnement politique et les politiques publiques. Les entreprises doivent se rapprocher des parties prenantes réglementaires, sociales, universitaires et de la chaîne de valeur de manière proactive et politiquement astucieuse. L’accent mis sur les questions réglementaires communes au sein de la chaîne de valeur non seulement amplifie la voix de l’industrie et élargit la portée, mais renforce également la confiance et la coopération entre les partenaires de la chaîne de valeur – et en fin de compte avec les clients et les consommateurs. Les responsables des affaires gouvernementales doivent être intégrés dans les équipes de gestion de la suite et des unités commerciales et leur contribution doit être reflétée dans une stratégie d’entreprise à long terme. Les compétences et les capacités clés en matière d’affaires gouvernementales doivent être développées en interne pour permettre une gestion et une continuité optimales des problèmes. Une équipe interdépartementale qui se concentre sur une question réglementaire offrira une analyse d’impact holistique aux parties prenantes concernées et, une fois la réglementation adoptée, réduira les coûts de mise en conformité grâce à une meilleure connaissance des exigences et à leur intégration plus rapide dans les processus opérationnels de l’entreprise.

Dans l’ensemble, une gestion proactive des parties prenantes et des problèmes crée un environnement opérationnel plus prévisible, diminue le risque d’une évolution réglementaire défavorable et permet d’identifier rapidement les opportunités à venir. Repérez les opportunités là où d’autres voient les risques est souvent la clé du succès.